Ancien chef du cabinet militaire des ministres Charles Millon et Alain Richard, le général Germanos, 68 ans, va comparaître devant le tribunal correctionnel pour détention d’images à caractère pédophile, mettant en scène de très jeunes enfants. Il risque jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Raymond Germanos, ex-patron du Service d’information et de relations publiques des armées (Sirpa), qui fut aussi directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), a été renvoyé le 9 octobre dernier devant le tribunal de Paris. On ne l’a appris qu’hier tant cette affaire sensible avait été menée en toute discrétion. Le général d’armée est soupçonné d’avoir téléchargé sur un site autrichien, entre 2004 et 2008, environ 3.000 images d’enfants âgés de 6 mois à 12 ans, mis en scène par des pervers.

L’affaire a débuté en 2006 lorsque les policiers français ont été alertés, via la structure Europol, par leurs homologues autrichiens. Les enquêteurs étaient parvenus à identifier l’adresse internet de M. Germanos sur laquelle étaient importées photos et vidéos pédopornographiques.
C’est ainsi que le militaire est confondu : les policiers perquisitionnent son domicile et saisissent son ordinateur, mettant la main sur les photos, dont certaines, effacées, seront retrouvées grâce à une expertise du disque dur. Contre toute attente, il reconnaît les faits, sans les minimiser.
La première fois, confiera-t-il, c’est par hasard qu’il est allé sur ce site avant de céder « à une curiosité malsaine », selon ses termes, a rapporté, hier à France-Soir, une source judiciaire.

Devant la juge d’instruction Géraldine Rigollot, le prestigieux officier supérieur a raconté avoir traversé des épisodes difficiles, liés à des problèmes de santé, qui l’auraient déstabilisé.

Au cours de cette période troublée, il aurait commis ces faits qu’il a lui-même qualifiés d’« aberrants » devant le magistrat instructeur. Raymond Germanos a été mis en examen en 2008. Le parquet de Paris avait requis son renvoi en correctionnelle, désormais acquis. Il encourt deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Il a entamé un travail avec des psychiatres
Hier, son avocat, Me Olivier Schnerb, n’était pas joignable et, du côté de l’armée, les commentaires étaient succincts. « Nous n’avons rien à dire, une instruction est en cours », indiquait sobrement un interlocuteur du service communication des Armées.

« Le général Germanos n’était plus d’active au moment où les faits présumés lui ont été reprochés. » (sic) Il semblerait que le militaire ait déjà entamé un travail avec des psychiatres pour tenter de comprendre et de lutter contre ses pulsions.

L’information a été révélée hier après-midi lorsque la défense de l’officier s’est présentée devant la cour d’appel de Paris pour demander un assouplissement de son contrôle judiciaire. Il lui est notamment interdit de sortir d’Ile-de-France. La décision sera rendue le 10 novembre.

Diplômé de Saint-Cyr, le général a commandé le prestigieux 2e régiment étranger de parachutistes (2e Rep). Il a également été sous-chef des opérations à l’Etat-major des armées. M. Germanos a été membre des cabinets des anciens ministres de la Défense André Giraud et Jean-Pierre Chevènement, avant de diriger les cabinets militaires de leurs successeurs Charles Millon et Alain Richard. Il est Commandeur de la Légion d’honneur.

Un article de Isabelle Horlans et Pierre-Antoine Souchard, publié sur France Soir.fr, le 04/11/09

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