Une goutte de sang, un cheveu, un profil génétique, une empreinte digitale… Les petits détails font toute la différence lorsque les spécialistes passent au peigne fin les scènes de crime, bloquant parfois une rue ou l’accès à un immeuble. C’est ce qui permet de coffrer des criminels comme celui qui aurait assassiné Natasha Cournoyer.

Depuis une quinzaine d’années, les sciences judiciaires ont pris une grande importance dans les enquêtes policières. À Montréal, pas moins d’une trentaine de techniciens du service de l’identité judiciaire sillonnent la ville à l’affût d’indices qui ­feront la différence.

« Quand on arrive sur une scène, on veut en savoir le moins possible, il faut éviter d’être contaminé », explique l’agent Jean-Paul Meunier.

Selon lui, l’enquêteur ou les patrouilleurs doivent lui en dire le moins possible, afin qu’il puisse analyser une scène de crime avec un esprit le plus pur possible. Une scène de crime, ça parle, pour quelqu’un qui sait bien l’observer.

Un survol vidéo de la scène est d’abord fait, puis on immortalise en photos la scène et tous les objets jugés pertinents, avant que quoi que ce soit ne soit déplacé.

Précision et minutie

Vient ensuite l’étape des prélèvements d’empreintes digitales ou de substances biologiques (cheveux, sang, salive, sperme). Tout doit être fait de façon très minutieuse, afin de ne pas effacer une empreinte ou souiller un échantillon d’ADN. Une paire de gants pour chacun des prélèvements.

Chaque prélèvement d’ADN sera envoyé pour analyse, afin de comparer le profil ­génétique qu’on en tirera avec la Banque canadienne de données génétiques, afin de voir si un lien sera fait avec le profil d’un des 176 628 criminels jusqu’ici fichés.

Puis, toutes les empreintes digitales prélevées seront comparées avec celles contenues dans le système informatique Cogen, de la police, afin de trouver une correspondance avec un criminel condamné. Tous les petits détails seront scrutés.

C’est ainsi que Jean-Paul Meunier a démasqué le tueur en série William Fyfe, en 1999.

Des informations gardées secrètes

Pas toujours facile de se retrouver au beau milieu de scènes d’une extrême violence, maculées de sang, pendant de longues heures.

« Pendant que tu mets tes techniques en place, on a tellement de choses à penser qu’on n’est pas trop affecté, dit M. Meunier. Tu dois faire abstraction de tes sentiments, il faut pas que ça t’affecte. Mais le plus dur à gérer, c’est le retour à la réalité. Tu dois évacuer. »

Les policiers ont aujourd’hui des services d’aide leur permettant de ventiler, au besoin.

En plus de devoir être patient et structuré, il doit être très discret. L’enquêteur a accès à des informations de première main, que seuls lui et le meurtrier connaissent.
« Même entre policiers, on ne parle pas de ces informations », dit M. Meunier.

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