Jean-Claude Demouy, un habitant d'Achicourt, a été condamné hier à dix ans de prison ferme. Ainsi en a décidé la cour d'assises du Pas-de-Calais, qui le jugeait pour avoir violé une dizaine de fois une femme de 71 ans placée sous curatelle, entre janvier 2006 et février 2007. Cet homme de 46 ans avaitdéjà abusé de personnes vulnérables par le passé.

Dans le box se trouve cet homme aux petites lunettes et aux cheveux courts. Bien calé sur son banc, entouré de deux policiers, il semble pourtant respirer difficilement à l'approche des réquisitions. Sa tête avance et recule en permanence, il se touche les yeux. Stressé, apeuré ?

Difficile de voir clair en Jean-Claude Demouy, qui était jugé hier par la cour d'assises du Pas-de-Calais. Cet Achicourien de 46 ans comparaissait pour une dizaine de viols aggravés sur une femme âgée de 71 ans, placée sous curatelle, et qui résidait à la Maison pour personnes âgées dépendantes (MAPAD) Pierre-Bolle, à Arras. Le calvaire de la victime - décrite par l'expert psychiatrique comme « vulnérable », « influençable », « incapable d'exprimer seule sa volonté » et « atteinte de troubles démentiels » - a duré du 1er janvier 2006 au 8 février 2007. Le temps que cette personne âgée trouve le courage d'en parler au personnel.

Il lui enlevait sa couche

« Avec elle, j'avais des pulsions. Qu'elle soit d'accord ou pas, j'y allais quand même, c'était plus fort que moi », racontait Demouy aux enquêteurs, en 2007. Lui qui, réglé comme une horloge, faisait systématiquement ses « visites » de 15 h 30 à 16 h, lui enlevant sa couche d'incontinence avant d'abuser d'elle. Lui qui menaçait de lui « exploser la tête » si elle parlait. Mais durant son procès, l'accusé explique qu'il était amoureux de celle qu'il appelait « maman ». « Je voyais dans ses yeux qu'elle voulait. J'estime que je ne l'ai pas violée, même si elle m'a dit des fois qu'elle n'était pas d'accord. » Des déclarations d'autant plus tragiques que M. Demouy n'en était pas à son coup d'essai : il avait déjà été condamné à plusieurs peines de prison ferme pour des faits similaires, toujours sur des personnes vulnérables. Dont une fois sur une jeune fille de 15 ans... « Il a bien profité de ma cliente », lance Me Osseyran, qui assure la défense de la victime. « Elle souffre d'atteintes neurologiques très sévères, et est atteinte des membres inférieurs. Pourtant il dit notamment qu'elle participait activement à leurs ébats.

C'est faux, bien évidement. » Et d'ajouter qu'il est difficile d'imaginer « ce qu'elle a vécu, cette souffrance qu'elle a pu avoir. Je vous demande de reconnaître sa parole. » Fait rare, l'avocat général Adam Chodkiewicz s'est placé à la barre pour ses réquisitions, s'adressant aux jurés les yeux dans les yeux. Il évoque un accusé « qui n'arrive pas à tirer les conséquences de ses actes. "Tout ça c'est votre loi. Moi j'la connais pas la loi ", osait-il nous dire lundi. Je sais bien qu'il a quatre-vingts de QI, mais il est encore capable de savoir ce qu'est un viol.

» Le magistrat note « qu'il n'y a pas eu un mot de regrets depuis le début », que les faits reprochés sont « particulièrement ignobles », le « risque de récidive élevé » et « l'envie de se soigner » inexistante. Il requiert treize ans de prison, et sept ans de suivi socio-judiciaire.
Passant en revue la jeunesse difficile de Demouy (un père qu'il n'a pas connu, une mère prostituée), Me Crunelle a eu toutes les peines du monde à faire oublier l'attitude de son client durant le procès. « Il était tout à fait incapable de voir la peur qu'il infligeait, assure-t-elle. Son vide affectif, il le fait passer par la violence. Pas uniquement physique, sexuelle aussi. » Verdict : dix ans de prison ferme, cinq ans de suivi socio-judiciaire et 10 000 E de dommages et intérêt pour la victime.

Un article de Léger, publié sur la Voix du Nord.fr, le 18/11/09

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