Diagnostic clinique de la Mort Absolue :


Lorsqu'il agit sur réquisitions judiciaires, le médecin légiste est amené à donner son avis d'expert sur ce qu'il constate à l’occasion de la mort d’une personne. C'est dans ce cadre qu'il est amené à faire des autopsies, destinées à déterminer les causes probable de la mort d’une personne - dans les cas de morts suspectes - et à constater des traces corporelles particulièrement graves.

Le médecin légiste va ainsi établir des diagnostics :

Diagnostic positif :
Le diagnostic positif est la démarche par laquelle le médecin légiste va déterminer la cause de la mort du patient, ce et qui va permettre de proposer un traitement. Il repose sur la recherche des différentes possibilités liant les causes et les effets de la mort. Le médecin pose des hypothèses sur la base de ses observations, de l'observation du patient.

Diagnostic différentiel :
Ce processus vise à poser un diagnostic plus sûr, en différentiant l'affection du patient, d'autres maladies qui pourraient avoir les mêmes symptômes ou des symptômes proches. Ce diagnostic se fait méthodiquement, tant en prenant en considération les éléments permettant d'exclure une maladie qu'en conservant ceux permettant de la confirmer.Le diagnostic différentiel peut néanmoins parfois aboutir à plusieurs hypothèses impossibles à départager.

Diagnostic éthologique :
L'étiologie est l'étude des causes et des facteurs. Appliqué à la médecine légale, ce processus vise à rechercher les causes de la mort.

Le premier diagnostic est le diagnostic précoce de la mort. Il peut se résumer en l’absence de signe de vie : on parle des signes cliniques précoces, survenant instantanément après la mort. La personne est inerte et insensible ; son cœur a cessé de battre (absence de pouls, électro-encéphalogramme plat) et elle ne respire plus. Elle est pale et ses pupilles sont dilatées (mydriase) ; sa mâchoire se relâche (perte de tonus des muscles). Ce sont les signes précoces de la mort.

Autrefois, on utilisait des « Epreuves de certitude », pour s’assurer que la personne était réellement morte. Par exemple, on pratiquait l’artériotomie en coupant l’artère radiale pour voir si le sang circulait… Il y avait également la méthode de la Fluorescéine d’Icard : on injecter sous la peau de la fluorescéine et on regardait la couleur de l’œil. S’il devenait jaune alors il y avait bien circulation et la personne était vivante.

Aujourd’hui, ces méthodes ne sont quasiment plus utilisées, car en cas de doute, la réanimation cardiaque est systématique, et son échec démontre la mort réelle.


La Datation de la mort : Les Phénomènes Cadavériques


Ce sont des signes positifs de mort et varient selon les conditions de décès.
Ils sont au nombre de 5 : la déperdition calorique, la déshydratation du corps, la rigidité cadavérique, les lividités et enfin la putréfaction.La constatation de plusieurs des ces signes permet de se faire une idée sur le temps écoulé depuis la mort de la personne.

Déperdition calorique / Refroidissement Cadavérique :


Après la mort, la régulation thermique disparaît. Le refroidissement cadavérique consiste en une adaptation de la température du corps avec la température ambiante. La vitesse de corrélation entre les deux températures dépend de la personne elle-même ( par exemple,le sur-poids ralentit la baisse de température) mais aussi de l’environnement. Ainsi, si la température ambiante est élevée, la température du corps baissera moins vite. Donc pour apprécier de manière la plus précise possible la date et l'heure de la mort, il est nécessaire de prendre en considération la température ambiante.

En effet, l’homéothermie régulière de l’homme c’est 37°C. Lorsque le milieu ambiant est d’environ 18°C, 20°C, un corps met environ 24h à attendre la température ambiante. Pendant les trois premières heures, on peut observer d’une perte d’environ 1°C par heure. Au bout de deux heures, le visage et les extrémités sont froids.

Il n’y a pas de baisse de température au niveau des aisselles, ni dans la cavité buccale et rectale de la personne décédée.

La déperdition cadavérique est généralement mesurée par la prise de température dans le foie, qui semble etre la plus fiable.

Déshydratation cadavérique :


La déshydratation est le fait de perdre de l’eau.

Il s’agit d’un phénomène habituel de la mort un cadavre perd environ un kilo d’eau par jour, s’il est exposé à une température ambiante dite, normale. La encore, les conditions de la personne jouent un rôle majeur dans son appréciation : par exemple, la déshydratation est plus importante chez les vieillards et chez les nouveaux nés. Elle est favorisée par l’absorption d’alcool. Par contre, elle est inexistante chez les personnes noyées…

La déshydratation entraine différents symptômes permettant la datation de la mort:
- Au niveau des yeux: perte de volume (enophtalmie) et plissement et opacification de la cornée, avec apparition de taches noires.
- Dessèchement des lèvres.
- Dessèchement des organes vitaux.
- Souvent momification partielle du nez et des oreilles.

Rigidité Cadaverique ( Rigor mortis)


Elle est due au raidissement des muscles du squelette. Elle est variable et liée à des phénomènes chimiques. Elle est favorisée par certaine maladie, comme le choléra ; ou certaine type de mort ( mort par électrocution, insolation…). La rigidité est également influencée par l’environnement ( le froid ralentit la rigidité cadavérique), et par la personne décédée ( sujet musclé également).

Elle débute en moyenne 2 à 8 h après la mort et atteint dans l'ordre, mâchoire, cou, membres inférieurs ( de haut en bas, selon la loi de Nysten). Elle apparaît donc progressivement et peut toucher tous les muscles lisses (muscles intestinaux par exemple) et strié ( muscles des membres).

Elle explique les éjaculations et les accouchements post mortem.
La rigidité est complète entre 12 et 14 heures, puis disparait en trois jours. Sa disparition est due au phénomène de putréfaction, qui implique un relâchement du muscle. Si la rigidité est cassée dans les premières heures, elle peut se reconstituer. En revanche, ce n’est plus le cas a partir de la douzième heure du décès. Cela est très intéressant dans la mesure ou une rigidité cassée témoigne ainsi d’une manipulation du cadavre.

Lividités :


Après la mort, la circulation du sang s’arrête, le sang ne circule plus. Il va donc avoir tendance à descendre selon la loi de l’apesanteur. C’est-ce qui va créer les lividités. C’est une congestion passive post mortem, qui forme des taches de couleur rosée à violacée présentes au niveau des régions déclives du corps, sauf sur les points d’appui ( tous les points qui supportent le poids du corps).

Elles apparaissent 3 à 5h après la mort et sont partiellement fixées a partir de la douzième heure de la mort., au delà de 30 heures les lividités sont immuables.

Là encore, les lividités peuvent témoigner de la manipulation du cadavre. Ex: si on trouve une personne pendue, les lividités apparaissent aux pieds, aux mains, au niveau de la ceinture en cas de pression. Mais si cette même personne a des lividités dorsales, c’est qu’une personne l’a pendue post mortem (simulation d’un suicide).

Leur coloration varie, parfois, avec les causes de la mort : rouge vif dans les intoxications au CO, chocolat dans les cas d’intoxication au chlorate de potassium, très sombres dans les asphyxies, très pales dans les hémorragies.
NB : L’hypostase est un terme réservé aux organes, il s’agit de lividités dans les organes, mais également dans le cerveau.

Putréfaction :


Il s’agit d’une dénaturation du corps. Dès que l’on meurt, les germes qui se trouvent dans le corps colonise le corps et produisent le phénomène de putréfaction. Sous l'action des bactéries, des champignons microscopique, des insectes et des arachnides nécrophages, la putréfaction va envahir tout le corps et détruire les partie molle.

D’un point de vue médical, c’est la décomposition de la matière organique, qui se fait par des gènes microbiens et par des mycètes saprophyte qui produise du gaz putride.

Le premier signe de putréfaction est appelé « La tache verte abdominale » : son apparition marque le début de la putréfaction, elle se manifeste après quelques heures l'été et quelques jours l'hiver au niveau de la fosse iliaque puis s'étend progressivement sur les parois latérales du tronc, le dos, le cou, la face, les membres...

La putréfaction est fréquente chez les noyés, car leur corps est souvent retrouvé après plusieurs jours.

Elle se traduit par la perte des cheveux et des ongles. Le cerveau se désagrège en une bouillie grisâtre. Le cœur réagit très bien a la putréfaction et les os se conservent longtemps. La rate disparaît vite et les intestins et les estomacs se rétractent. Les poumons se remplissent d’air. Les reins et l’utérus se conservent plutôt bien. On peut également observer le phénomène d’ adipocire (les graisses se transforment en cire).

Pour résumer :

2 heures après la mort, le corps est chaud et souple, la cornée est humide et transparente, il n’y a pas de lividités.
3 / 4 heures après la mort, la peau parait froide, les lividités apparaissent et on peu observer une rigidité temporo-mandibulaire.
6 heures : Tâche noire de l’œil.
8 à 10 heures, les lividités se réunissent entre elles et disparaissent sous la pression. L'ensemble du corps est rigide. La cornée est glauque.
12 / 13 heures, les lividités sont totalement fixées.
48 heures : apparition de la tâche verte abdominale.

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