Près de deux ans après la découverte du corps du bébé à Bourbourg, le dossier a trouvé sa conclusion judiciaire à Douai.

Dix-huit ans de réclusion criminelle contre Johnny Guilbert, 24 ans. Deux ans de prison dont la moitié ferme, mais sans mandat de dépôt, contre Laëtitia Alba, son ex-concubine de 27 ans. La cour d'assises a rendu son verdict dans ce dossier de meurtre sur un bébé, de violences volontaires sur trois enfants et de non-dénonciation de ces violences.

« Monsieur, vous avez dit en garde à vue : "J'ai tout de suite vu que j'avais tué Brandon, mais je ne voulais pas le croire." Avez-vous étouffé votre fils ? » - Non. » La question que pose la présidente Cochaud-Doutreuwe au début de l'audience hier ne permet toujours pas d'obtenir détails ou aveux sur les circonstances du décès de Brandon. Les réponses de Johnny Guilbert, accusé du meurtre de son fils de 9 mois, varient de « non » à « je ne sais pas ».

L'avocat général Czernik affirme, lui, sa conviction. Johnny Guilbert, 1,87 m pour 96 kilos au moment des faits, le 23 janvier 2008, a volontairement tué Brandon, 7 kilos. Après avoir pincé les carotides avec le pouce et l'index « entre deux à quatre minutes » ce qui a provoqué l'évanouissement de l'enfant, il l'a placé dans une couverture. Il a serré. La compression de la cage thoracique rendant impossible la respiration a entraîné le décès. « Il connaissait les conséquences de la momification car il l'avait déjà pratiquée. Quand sa concubine enlevait la couverture au bout de quelques minutes, l'enfant suait et suffoquait. » Alors, le bébé s'endormait. Mais cette nuit-là, Mlle Alba n'était pas intervenue.

« Comment a-t-il pu ? »

Le représentant de l'accusation s'interroge : « Comment a-t-il pu se coucher et se rendormir ? » Pour M. Czernik, impossible de parler d'« un coup de folie » d'un homme qui d'ordinaire garderait son calme face aux pleurs, aux cris, à l'agitation. Pour preuve les violences qu'il infligeait à Brandon et à ses demi-frères Kévin, 5 ans, et Alexis, 2 ans.
Contre l'accusé chez qui « on n'a jamais senti l'envie de soulager sa conscience », il requiert trente ans de réclusion avec une peine de sûreté des deux tiers. Contre la concubine poursuivie pour n'avoir pas dénoncé les violences sur ses enfants, il demande dix-huit mois de prison, la moitié avec sursis : « Sa passivité a rendu possible ce qui s'est passé. Elle a failli dans son rôle de mère. » Pas d'accord, Me Karaghiannis ! Pour le défenseur de Laëtitia Alba, même « coupable » comme elle le dit, « sa place n'est pas en prison : ça ne rime absolument pas avec insertion ». Il souligne que d'autres n'ont rien remarqué ou révélé des violences : voisins, grands-parents, médecins, services sociaux, amis de la famille...
Me Delozière parle lui aussi de la culpabilité de Johnny Guilbert en ce qui concerne les claques, fessées et autres coups assénés aux enfants. Mais c'est pour mieux défendre par contraste la thèse selon laquelle « il n'est pas un meurtrier » : « Brandon est mort des gestes inconsidérés de mon client, mais en aucun cas, il n'a voulu le tuer. » Il invite la cour à modérer la peine et à se prononcer non plus sur un « homicide volontaire », mais sur des « violences mortelles ». Un appel en partie entendu.

Un Article de Laurent Leys - La Voix du Nord.fr

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