C’est une des questions restées sans réponse de l’affaire Evrard. Pédophile multirécidiviste, condamné hier soir par les assises de Douai pour le viol du petit Enis en août 2007 à Roubaix, Francis Evrard a-t-il fait d’autres victimes ?

Lors de sa garde à vue après son arrestation le 15 août 2007, il avait affirmé avoir « connu quarante enfants » dans son parcours criminel, malgré les trente-deux ans de sa vie de sexagénaire passés en détention. « Dans ma vie, j’ai connu une quarantaine d’enfants, mais je n’ai été condamné que pour trois », avait-il déclaré aux enquêteurs de la police judiciaire de Lille. Des proies dont il se souvenait comme des garçons de « 7 à 8 ans », qu’il abordait « facilement » en leur « donnant de l’argent ». Réalisant rapidement la gravité de ses propos, il les avait nuancés, déclarant n’être attiré que par des jeunes hommes de 16 à 20 ans, alors que son dossier prouve le contraire. La justice, qui avait tenté quelques vérifications, n’avait pas tranché. « Il n’y a pas d’éléments précis qui permettent d’impliquer de façon sérieuse Francis Evrard dans d’autres affaires », avait estimé à l’époque le parquet de Lille.

Une « quarantaine » de garçons abusés ?

Interrogé durant le procès sur ses propos en garde à vue, Evrard a de nouveau nié. « C’est vrai, des enfants j’en ai connu beaucoup, mais quarante, ça peut pas être vrai sinon je serais inculpé pour ça », a-t-il expliqué. Bravache, il a même accusé plusieurs d’entre eux de faire de « fausses déclarations ». Par exemple, ce « jeune que j’aurais connu à Hellemmes en 1972, mais à l’époque j’étais interné en Belgique, donc ça peut pas être moi », a-t-il lancé, faisant référence au dénommé Franck Calin, un homme qui a reconnu Evrard lors de son arrestation en 2007, comme son violeur lorsqu’il avait l’âge de 8 ans.

Mais, à l’audience, l’accusé va se faire piéger par l’avocat général. Revenant à la charge, Luc Frémiot l’interroge : « C’est vrai que vous promettez de l’argent aux enfants ? – Oui, parfois, bafouille Evrard. – Et ça marche ? – Oui, parce que comme ça, y a pas de suite », répond sans réfléchir le multirécidiviste. Au final, la cour a préféré en rester là, laissant la question en suspens. Mais dans son réquisitoire hier, l’avocat général n’a exprimé aucun doute sur les présumées victimes « oubliées » de Francis Evrard. Egrenant les prénoms de toutes celles qui sont connues, il a eu également une pensée pour « toutes les autres qui se sont tues pour une poignée de bonbons ou pour un jouet ».

Un article de Bastien Bonnefous, publié sur France Soir.fr, le 31/10/09

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