Six corps de femmes en décomposition ont été retrouvés la semaine dernière à Cleveland, en Ohio. Les cadavres étaient cachés chez Anthony Sowell, un homme condamné pour viol en 1989. Depuis sa libération, en 2005, il était soumis à un strict contrôle judiciaire.

Cleveland, 450.000 habitants, la plus grande ville de l’Etat de l’Ohio, dans le nord-est des Etats-Unis. Surnommée « la ville-forêt », elle a vu naître, un soir caniculaire d’août 1939, Wes Craven, considéré aujourd’hui, avec John Carpenter, comme « le maître » du film d’horreur. Pourtant, depuis cinq jours, lorsque l’on parle d’épouvante à Cleveland, ce n’est plus le nom du réalisateur de la trilogie Scream ou de la saga des Freddy qui vient à l’esprit.

Mais celui d’Anthony Sowel, la cinquantaine, un Afro-Américain qui, après avoir été condamné en 1989 à quinze ans de prison pour viol, est aujourd’hui soupçonné du meurtre de six femmes.
Samedi, c’est en balbutiant que le chef de la police de Cleveland, Michael McGrath, s’est présenté devant une foule de journalistes agglutinés sur le perron du bureau du shérif. D’une voix hésitante, il a parlé d’une « vision macabre » et insisté sur la « puanteur insupportable » à laquelle ses hommes, tous membres d’une unité spéciale d’intervention, ont été confrontés, quelques heures plus tôt, alors qu’ils enfonçaient la porte de la demeure de Sowell, dans l’est de la ville.

Ce jour-là, les enquêteurs souhaitaient interroger le propriétaire des lieux, une nouvelle fois accusé de viol par une femme qui affirmait avoir été abusée au mois de septembre. Le suspect n’était pas là, les policiers ont donc décidé d’entrer. Par la force.

Odeur « pestilentielle »

A l’intérieur, ils ont trouvé six cadavres de femmes. Deux d’entre eux, en état de putréfaction, gisaient sur le sol du salon, juste derrière la porte d’entrée. Deux autres étaient « grossièrement dissimulés » dans un placard situé sous un escalier.

Les deux derniers ont été localisés dans le jardin par une équipe cynophile, appelée en renfort. « Selon le légiste, ils ont été enterrés il y a peu », révèle Michael McGrath qui, dans le LA Times d’hier, s’interrogeait : « L’odeur était pestilentielle. Je ne comprends toujours pas comment les voisins ont fait pour ne se rendre compte de rien… »

Eli Tayeh, un commerçant qui tient une supérette à quelques rues de ce que les médias d’outre-Atlantique ont baptisé « la maison de l’horreur », a, semble-t-il, un début de réponse. Toujours dans le LA Times, l’homme raconte que le meurtrier présumé s’est « pointé ivre mort » il y a quelque temps dans son magasin.

« Il sentait terriblement mauvais, à tel point que j’ai dû ouvrir toutes les portes après son passage (…). Un peu plus tard, je suis passé devant chez lui. Avec d’autres riverains, on ne supportait plus la puanteur qui se dégageait de son domicile… » Pourtant, personne n’a appelé les autorités. « Ici, ça ne sert à rien », se désole Eli qui assure que dans le quartier, « plus personne ne s’émeut lorsqu’une fusillade éclate ».

Visite de contrôle

En vertu de son passé, Sowell était pourtant soumis à un strict contrôle judiciaire. Tous les trois mois, il devait se présenter dans le bureau du shérif. Ce qu’il ne manquait jamais de faire. Fin septembre, les policiers se sont présentés chez lui pour une visite de contrôle.
Sowell les reçu sur le perron de sa porte. « C’est fou, malgré la puanteur, ils n’ont pas eu l’idée d’inspecter la maison », s’étonnait hier une voisine devant les caméras de Fox 8 Cleveland.
Soucieuses d’éviter la moindre polémique, les autorités rappelaient que leurs priorités consistaient à identifier les cadavres et localiser la belle-mère de Sowell qui, il y a encore quelques mois, encore, cohabitait avec son gendre.

En attendant, la police de Cleveland a commencé à dresser la liste des personnes disparues depuis juin 2005, date à laquelle Sowell est sorti de prison. Elle a également lancé un appel à témoins.

Une dizaine de personnes y auraient répondu. Parmi elles, Denice Patton. Dans les médias locaux, cette dernière l’assure : « Je n’ai pas vu ma sœur depuis un an. Elle vivait dans le quartier. Je veux savoir si elle fait partie des victimes… »

Un article de Guilhem Battut, publié sur France 3.fr, le 03/11/09

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