Christophe Rosier a été reconnu coupable du meurtre de sa concubine, Angélique Crégut. L'avocat général avait requis 25 années de réclusion à son encontre

Etait ce dû à la présence de sa famille, venue du département du Cher ? Ou à celle, plus intimidante encore, de l'entourage de la victime, qui occupait les premiers bancs réservés aux parties civiles et à laquelle il n'a pas adressé un mot ? Ou encore à sa personnalité effacée, voire falote ?

Toujours est-il que, comparaissant pour le meurtre de sa compagne, Angélique Crégut, tuée à 29 ans d'un coup de fusil de chasse dans la maison du couple, à Bords, le 11 novembre 2007, Christophe Rosier a passé la majeure partie des deux jours d'audience assis dans son box, replié sur lui-même, regardant ses pieds.

« Descente aux enfers »

Sur la base de ces allégations déjà formulées à de nombreuses reprises - « Je n'ai jamais voulu la tuer » - son avocat, Me Philippe Callaud, du barreau de Saintes, a tenté en vain d'ajouter une question subsidiaire tendant à requalifier les faits en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

« Quel gâchis pour les deux familles ! », s'est exclamé Me Méhana Mouhou, du barreau de Rouen, l'avocat des cinq parties civiles (parents, frère, soeur et grand-mère de la victime) originaires du Pays rochefortais, en débutant sa plaidoirie. Avant de s'attarder sur les conséquences vécues aujourd'hui pour les proches de la victime : « Il n'y a plus de réunions de familles, mais que des réunions de larmes ». Enfin, il est revenu sur la « descente aux enfers vécue par Angélique : elle prend 20 kg en un an et demi, elle sombre dans la dépression. Ne restait plus que son caractère à cette fille gentille, aimante et sincère ».

Convaincu par aucune des raisons avancées par Rosier pour expliquer ce drame - 1,37 g d'alcool par litre de sang, énervement à cause du chien ou frustration de se voir refuser une relation sexuelle -, Me Mouhou a estimé que cet acte avait été « mûri, réfléchi, prémédité ».

« Qu'il n'ait pas trouvé les explications à son geste n'enlève rien à l'intention de tuer », a ensuite soutenu l'avocat général, Soraya Ahras, avant de tempêter : « Depuis quand des frustrations domestiques constituent un permis de tuer ? Il l'a supprimé car elle incarnait, à ce moment-là, son impuissance », a-t-elle tonné avant de requérir 25 années de réclusion.

« Ils ne partageaient rien »

Une peine trop lourde pour Me Callaud, qui a plaidé des circonstances atténuantes, rééditant ses doutes sur « l'intention de tuer » d'un accusé en invoquant le rapport du psychologue qui le décrivait « souffrant d'immaturité psychoaffective ».

Comme en écho au sentiment de l'avocat général, qui avait souligné plus tôt que « ce n'était pas un crime passionnel, mais de l'antipassion », Me Callaud l'a qualifié « de crime de la déraison ». « Ces deux jeunes, qui n'avaient pas encore 30 ans, n'avaient rien en commun : ils ne partageaient pas le lit, les repas, les programmes télé. Ils n'avaient rien à faire ensemble et personne ne leur a dit. »

Au cours des toutes premières minutes de son procès, Christophe Rosier avait fait cet aveu : « On aurait dû discuter autour d'une table des problèmes du couple ». Avant d'ajouter : « Je ne sais pas trop dialoguer. Je me confie peu »."

Un article de David Briand, publié sur Sud-Ouest.fr, le 07/11/09

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