Les experts de la cour d'assises du Nord ont décrit jeudi Francis Evrard comme un "prédateur" froid, sadique et, pour la plupart d'entre eux, incurable, à la veille du verdict dans son procès pour l'enlèvement et le viol du petit Enis en août 2007 à Roubaix. Des thérapeutes ont toutefois estimé que l'accusé, qui a commis ses premières agressions à 16 ans - il en a aujourd'hui 63 ans -, pouvait encore être traité. Evrard est "accessible à certains soins" permettant "une reconstruction, voire une construction du +moi+ qui prenne en compte ses traumatismes" et "une prise de conscience de la souffrance de l'autre", a ainsi affirmé Christine Pouvelle, qui l'a rencontré par deux fois en décembre 2007.

Pilonnée par l'avocat général et les parties civiles, la psychologue a néanmoins concédé que de tels soins seraient "difficiles (à engager) à son âge". Malgré des divergences, les psychiatres sont en revanche quasiment unanimes : détenu depuis plus de trois décennies pour des faits similaires, l'accusé est irrécupérable. Pour le docteur Jean-Luc Pourpoint, sa "conduite pédophile habituelle, profondément ancrée" laisse "peu de chances d'évolution" et "le risque de récidive est quasi inéluctable". Le psychiatre Bruno Fengler, qui l'avait examiné le lendemain de son arrestation à Roubaix, a rangé Evrard dans la catégorie des "prédateurs" et des "pervers structurels" qui ne cherchent "pas uniquement "à assouvir un désir mais qui aime(nt) faire souffrir". "La notion de curabilité de ses pulsions pédophiles ne me semble guère envisagée", a-t-il indiqué. Systématiquement invoquées par Evrard pour expliquer son passage à l'acte, les fameuses "pulsions" et l'aptitude à les contrôler ont divisé les experts.

Apte à comparaître

Pour Christine Pouvelle, "le sujet peut parfois être submergé par ses pulsions". Même analyse pour le docteur Pourpoint, selon qui "certaines personnalités ont de grandes difficultés à maîtriser leurs pulsions sans pour autant être des malades mentaux". Le docteur Philippe Lorteau, qui avait vu l'accusé à la prison de Caen, estime lui, que "la pulsion prend le pas sur la raison" uniquement en cas de maladie mentale, ce qui n'est pas son cas puisqu'il a été jugé apte à comparaître.

Le sexologue Francis Collier est par ailleurs venu expliquer que le Viagra qui lui avait été prescrit par un médecin de la prison de Caen un mois avant sa libération le 2 juillet 2007, n'avait pu jouer aucun rôle prépondérant dans la commission des faits. "Le Viagra joue sur l'érection mais absolument pas sur les autres données de la sexualité, et en particulier elle n'agit pas sur le désir", a-t-il affirmé. Evrard est accusé d'avoir enlevé, séquestré et violé par pénétration digitale, en récidive légale, le petit Enis dans un garage de Roubaix le 15 août 2007. Condamné à trois reprises depuis 1975 pour des attentats à la pudeur et des viols sur des mineurs, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu tard vendredi.

Source

Liens Connexes :

- Le procès de Francis Evrard, récidiviste, devient celui des carences de la justice

0 commentaires: