Par Jamila Aridj, publié sur le Point.fr, le 15/05/08
Un procès dans le procès. Jeudi matin, pour la première fois, Michel Fourniret a commencé à décrire les sept crimes dont il est accusé au cours de la 27e audience devant la cour d'assises des Ardennes. Le tueur en série présumé a décidé, comme promis la semaine dernière, de sortir de son mutisme et de parler. Fourniret s'est comparé d'emblée à un braconnier chassant de manière aléatoire, "ne sachant pas s'il va ramener un faisan, un garenne ou rien du tout".
L'Ardennais a également renforcé ses accusations contre son épouse et co-accusée Monique Olivier, qu'il a qualifiée de "transparente" et de "menteuse". Face aux familles des victimes, le tueur en série présumé a commencé son récit ponctué de détails. Interrogé par l'avocat de la famille d'Isabelle Laville, première victime présumée du tueur en série, Fourniret a nié avoir procédé à des repérages comme l'a encore soutenu jeudi Monique Olivier, mais a reconnu avoir prémédité l'enlèvement de la jeune femme.
Couple Diabolique
Le 11 décembre 1987, Isabelle Laville rentre du lycée quand sa route croise celle de Monique Olivier conduisant une voiture sur une route isolée. Au volant de sa Peugeot 304, la compagne de Fourniret s'arrête à la hauteur de la jeune fille et lui demande de monter pour l'aider à trouver son chemin. Isabelle accepte.
Quelques mètres plus loin, la conductrice s'arrête à la hauteur d'un homme faisant mine d'être en panne avec un bidon d'essence à la main. C'est Michel Fourniret. Le couple diabolique ramène ensuite Isabelle, droguée avec des calmants, à son domicile de Saint-Cyr-les-Colons (Yonne). Elle y aurait été violée en réunion avant d'être étranglée par Michel Fourniret. Le corps d'Isabelle est découvert 19 ans plus tard, en 2006, sur les indications de Michel Fourniret, gisant au fond d'un puits. Cet enlèvement était la première concrétisation du pacte criminel passé entre Michel Fourniret et Monique Olivier à la sortie de prison de celui-ci. Il promettait à sa future femme de récupérer ses enfants et de tuer ses précédents maris tandis qu'elle acceptait d'entrer dans son fantasme de virginité.
"État second"
À Me Alain Behr qui s'étonne du ''hasard'' de cette rencontre avec la lycéenne, l'accusé lui répond qu'elle "a été l'instrument du destin placé sur la route de [sa] préméditation". Fourniret nie toujours avoir violé la jeune fille et "charge" son épouse : "Les médicaments ingérés par Isabelle Laville, c'est Monique qui les a donnés", soutient l'Ardennais. Interrogé aussi sur un sentiment de toute-puissance au moment de la mise à mort, l'ogre des Ardennes a soutenu qu'il ne pouvait répondre, qu'il était dans un "état second". Au cours de l'audience, les deux accusés ont été également interrogés sur le meurtre de Fabienne Leroy, tuée d'un coup de fusil le 4 août 1988. Fourniret reconnaît avoir pris l'initiative d'aborder la jeune femme à Reims. Elle sera violée dans un champ. "Pourquoi avoir ressenti le besoin de la tuer ?", lui demande Me Gérard Chemla, avocat de la famille. "Je remplacerai le terme de besoin par celui de nécessité de préserver l'anonymat", répond Fourniret. Un peu plus tôt dans la matinée, le tueur en série présumé a également détaillé sa rencontre avec Marie-Ascension, l'adolescente belge de 13 ans qui a permis son arrestation le 26 juin 2003. "Il y avait une intention de sabordage", a-t-il expliqué au sujet de ce kidnapping raté. Fourniret raconte que ce jour-là, il sortait "d'une maison qui sentait la vinasse", qu'il était "dans un fiasco familial et dans un fiasco à Sart-Custinne [son domicile belge]". "Je ne sais pas où j'en étais", conclut-il.
Libellés : L'Affaire Fourniret, pédophilie
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