" Est-il possible de frapper une jeune fille de 47 coups de couteau dans un épisode de rage meurtrière et de n’en rien laisser paraître ensuite ? Cette question et celle du passage à l’acte ont été évoquées hier, devant les assises du Bas-Rhin, où comparaît depuis plus d’une semaine le meurtrier présumé d’une étudiante de 20 ans. L’expert psychologue Corinne Acker et le médecin psychiatre Henri Brunner ont dressé hier matin à la barre, le portrait psychologique de l’homme de 40 ans, accusé du meurtre de Frédérique Schnoering, le 30 juin 2006 à Offendorf. Selon eux, Salvatore Cucchiara ne souffre pas de maladie mentale et est accessible à une sanction pénale. La psychologue a vu un homme pétri de contradictions : « Il décrit son père comme gentil et très dur », déclare-t-elle, il explique son placement chez ses grands-parents par « les nombreux voyages de son père » et juste après « parce que lui le voulait ». De la même façon, il affirme qu’enfant il a été « gâté pourri » mais aussi « élevé à la dure ». Immaturité affective Pour Corinne Acker, trois passions régissent la vie de Salvatore Cucchiara : « les voitures, la famille et les vacances ». Et sa vie sociale se résume essentiellement à sa famille sur un mode quasi clanique. Elle relève aussi qu’il « ne dit jamais ’’je’’ mais ’’on’’ » et, lors des entretiens, « il refuse de se livrer ou de s’engager ». D’une « profonde immaturité affective », avec « des capacités intellectuelles plus faibles que la moyenne », il a « un complexe d’infériorité » qu’il compense avec une certaine « vantardise ». Et « attribue à autrui la responsabilité de ses actes » sur le mode « c’est pas moi, c’est lui »… L’accusé a mis en place des défenses de type paranoïaque, persuadé « d’être victime de persécution de la part d’autrui » et « convaincu que c’est à lui personnellement qu’on en veut ». Si le « grand soulagement » que l’accusé a ressenti après ses aveux peut provenir de la véracité de ces derniers, il peut aussi être dû au fait « que les gendarmes ne reviennent plus sur son histoire », dont « il a du mal à regarder la réalité en face ». S’il a commis les faits, « il faut rapprocher ce crime des autres épisodes où comme il le dit lui-même, il a pété les plombs », relève la psychologue. Un point que le Dr Brunner évoque aussi comme le possible aboutissement d’une situation « devenue intenable », issue « d’une misère psychologique » grandissante générée par « des échecs successifs ». « Il voulait sauver les apparences, mais le sol se creusait sous ses pieds. » Selon lui, l’accusé avait vu son installation à Offendorf comme la solution à tous ses maux. « Il ne pouvait que déchanter… » Face aux difficultés financières, aux problèmes avec ses enfants et avec sa voisine, « un ressentiment » a pu s’accumuler, « s’accentuer », conduisant au passage à l’acte. Et si ce passage à l’acte « est particulièrement explosif, il y a absorption complète de toute l’agressivité ». L’auteur d’un tel passage à l’acte peut retrouver rapidement son calme et faire ensuite comme si de rien n’était. Le psychiatre est certain que si l’accusé a commis les faits, il en a forcément le souvenir. Et que dans cette affaire, « rien n’interdit de concevoir qu’un être humain puisse vivre avec un crime pareil sans l’avouer, que ce soit Salvatore Cucchiara ou un autre ». Aujourd’hui, poursuite des débats avec audition des enquêteurs."Un article de Geneviève Daune-Anglard.Source
Libellés : Meurtre
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire